dimanche 6 septembre 2009

La course

Mai 2329

Nous sommes huit sur la ligne de départ. Dans mon aerocourseur, je regarde les autres participants. Mes yeux s'arrêtent sur un des aéronefs à une magnifique carrosserie chromée.

3...

Les voitures décollent du sol en coeur.

2...

Les moteurs démarrent. Le feu bleuté illumine l'arrière de chaque véhicule.

1...

Les coureurs se crispent, l'adrénaline au tapis.

Départ!

Nous filons, à 300 km/h après 3 secondes d'accélération intense. La force G est près du maximum enduré par les humains. Côte à côte, le véhicule se touche en faisant des flammèches. Seule la puissance des moteurs dira qui passera en tête.

Un dépassement vers la gauche. Ce vieux coureur devrait se retirer : il n'a pas gagné depuis 10 ans, dans le temps où les freins à turbopropulseur étaient encore manuels...

Le circuit est très difficile. Il consiste en un tour du niveau 101 (101e étage si vous voulez) en travers les rues du quartier. Il faut parfois descendre de quelques niveaux, dû à la structure irrégulière des bâtiments.

Virage de 90 degrés. J’ai bien failli m'écraser sur la face d'un restaurant de fast-food populaire...

Nous suivons le circuit à l'aide d'hologramme, de grosse flèche en néon qui indique le prochain ''checkpoint''.

BOOM! Je passe dans l'explosion, mon bouclier magnétique me protégeant des débris. Un des coureurs a soudainement foncé tout droit vers un panneau publicitaire. Pourquoi laissent-ils encore des speeder bikes participer à ces courses? Elles sont beaucoup trop fragiles... En plus, c'était l'un des nôtres. Il n'a eu aucune chance: mort sur le coup, écrabouillée et enflammée... Pauvre Eddy!

Attendez une minute... Mon radar m'indique qu'il a aperçu parmi les débris, des électro-aimants! Une arme totalement interdite dans les courses commerciales de ce type! Elles collent sur votre moteur et le dérèglent complètement, causant une perte de contrôle. Quelqu'un ne joue pas équitablement. Je dois rester sur mes gardes.

Une boucle. Spécialement installée pour la course, elle devient un test pour nos engins. L'un d'entre nous devra ralentir d'un coup quand il réalisera que ses propulseurs ne sont pas assez puissants pour le faire monter son véhicule vers le haut rapidement, le pauvre risque de casser son levier de commande!

Ces courses sont légales. Elles sont organisées par la compagnie (évidemment, pour le profit qu'elles rapportent). Si la compagnie déteste les cyberpunks, pourquoi nous autorisent-ils à courser? Parce qu'aux yeux du public (les riches et les travailleurs), nous sommes les ''méchants''. Ça devient plus pour au qu'une simple course, ça devient un match. Ils adorent voir les cyberpunks perdre, c'est donc pour cette raison qu'ils nous paient des fortunes lors des victoires: pour que l'on se donne à fond et qu'on veuille toujours continuer.

Je suis deuxième. Seulement un concurrent est devant moi. Son vaisseau est noir et n'a aucun détail pour se faire remarquer. Je ne crois pas connaître ce courseur. Évidemment, pendant que je le mets en doute, il confirme ma pensée.

Il lance un électro-aimant directement dans ma direction. Étant un combattant de nature, j'ai tout de même équipé mon véhicule de quelques bidules, question de me protéger si ce genre de pépin se produit:

-1 canon à 3 charges. Feu. L'ennemi détruit les projectiles avant même qu'il soit à la moitié de la distance entre nos aeronefs... et les détruit à l'aide de son propre canon, mais à tête chercheuse.
-1 laser autoviseur. Son bouclier les reflète, tout simplement.
-1 grappin. Celui-ci s'accroche à l'arrière de son véhicule. Bingo. En espérant le ralentir. Je remarque un autre courseur, celui au véhicule chromé. En voyant son visage, je me rends compte que c'est l'un des nôtres, l'ayant vu quelques fois à la base 02 (un des repères des cyberpunks que je fréquente souvent). À voir son visage en colère, je vois qu'il a compris la situation et qu'il est prêt à venir à ma rescousse.

Toujours accroché au véhicule ennemi, il se met à vassillé de tout bord tout côté. Je pensais qu'il perdait le contrôle, mais au contraire, il veut se débarrasser de moi.

À ma grande surprise, il quitte la piste! Il m'entraîne maintenant dans un tunnel de verre très étroit. Je n'ai aucune chance.Toutes mes armes sont épuisées. Enfin, pas toutes, mais les autres sont pour le combat corps à corps: minigun sur les côtés et lame rétractable son inutile pour le moment.

Mon collègue cyberpunk me donne un coup de main. Il détruit mon grappin à l'aide d'un projectile: un shuriken bien aiguisé. Libre de mon lien, je reprends le contrôle.

Dans le tunnel, nous sommes en sécurité. C'est à la sortie du tunnel que ça se gâte. Il lance des électro-aimants sur les gros écrans d'affichage juste après le tunnel de verre. Le panneau se plie directement devant le tunnel. Nous sommes fichus.

Comme au ralenti, nos aéronefs percutent de plein fouet le panneau, qui déchire la carrosserie de vos véhicules. Le bouclier électromagnétique percé, nous sommes totalement vulnérables.
Je me penche le plus que je peux dans mon siège, mais un bout de métal, aiguisé comme une lame, traverse la vitre.

Je le vois s'approcher de mon visage.
Je sens me couper dans le visage.
Je viens de perdre un oeil.

Je réussis à m'éjecter. Dans les airs, je me sers de mon grappin à aimant, toujours équipé sur mon bras, pour m'agripper au bâtiment le plus proche. Je tombe. Aveuglé, j'espère ne pas tomber à ma perte.

Cling! Le bout du grappin s'est finalement accroché à une vieille structure en construction. Ouff.
L'autre par contre, n'a pas eu autant de chance que moi. Son véhicule s'est mis à faire des tonneaux. Il s'écrasa contre le coin d'un bâtiment. Il fût alors éjecté et atteri directement dans un tas de vitre destinée à la construction de l'édifice auquel je me suis accroché.

Étant maintenant en sécurité grâce à mon grappin qui me redescendit sur une rue inter-édifice, j'accourus vers lui.

Il est dans un terrible état. Bout de vitre lui a traversé sa mâchoire, une autre lui avait fait deux immenses coupures sur le crâne. Je me servi de mon vidéophone, et j'appella Zepto, le meilleur chirurgien que les cyberpunks avaient à leur disposition.

Regardant le blessé, je compris qu'il avait certain organe d'artificiel, comme son coeur, qui n'aurait jamais survécu un si terrible choc s'il avait encore été organique. Il utilisa les forces qu'il lui restait pour me dire quelques mots.

-Je m'appelle Dengar. Si je meurs, je veux être vengé. Promets-moi de trouver le responsable de ces actes. Promets-le-moi, dit-il à bout de souffle.

-Je te le promets. J'y risquerai ma vie jusqu'au dernier instant. Parole de cyberpunk.

Zepto arriva dans son aéronef, et embarqua tout de suite ''Dengar''. Mon oeil me faisait épouvantablement souffrir. Le chirurgien m'injecta un puissant sédatif.

...

Je me réveille sur la table d'opération, sans douleur.

Je vois parfaitement, même mieux qu'avant... Me regardant dans le miroir, je réalise mon oeil gauche est maintenant électronique. Il est en or...

Zepto me fait remarquer que de nouvelles fonctions ont été intégrées à ma micro-chip, comme un système de vision de précision, un scan infrarouge et une vision nocturne.

''Ça à presque valu la peine'', me dis-je, sarcastique.

Les implants et membres artificiels sont une chose courante à cette époque. Les cyberpunks étant toujours en guerre contre le système, la plupart ont déjà été blessé gravement et se son réveillé tout comme moi sur cette même table d'opération.

Dengar me regarde. Il a complètement changé. Sa bouche est recouverte d'un respirateur artificiel métallique. Deux grosses cicatrices parcours son crâne maintenant chauve. Je compris à quel point Zepto a dû faire des modifications majeures sur ses organes vitaux...

-Pendant ton opération, j'ai beaucoup réfléchi, dit Dengar.

Sa voix maintenant transformé par son nouvel appareil, on a l'impression qu'il parle dans une boîte de conserve... mais le ton grave de sa voix est loin de la rendre comique. Un frisson me parcourt le dos.

-Je me suis demandé pourquoi quelqu'un oserait défier les lois de la course pour nous éliminer, continua-t-il. J'ai compris. C'est la compagnie. Ils ont décidé de commencer à nous liquider et à mettre la population contre nous.

-Qu'est-ce que tu veux dire?

-Ils voulaient que tu utilises tes armes. De cette façon, ils auraient pu faire croire à la population que nous trichons, violons les règles. Les électro-aimants sont tellement rapides qu'ils ont dû être invisibles à l'écran. Les gens n'auraient vu que ta riposte, ignorant que tu te protégeais.

-Ils m'ont donc vu utiliser mon canon, mon laser et mon grappin...

-Ne t'inquiète pas, ils croient probablement que tu es mort dans l'écrasement de ton véhicule.

-Mais alors, comment trouver le coupable?

Il réfléchit.

-J'ai été quelques secondes premier dans la course. J'ai vu le véhicule de la personne qui a essayé de nous tuer. La vitre teintée m'avait empêché de voir son visage, mais permis de remarquer un détail. Son oeil, vert et lumineux. Nous allons pouvoir le retrouver grâce à cet indice.

Nous sommes donc sur une mission. Avertir les autres cyberpunks que la compagnie cherche à nous éliminer, cette fois sans hésitation. Ensuite, ça sera à notre tour de leur montrer que l'on est capable de se défendre.

-Jamais de ma vie je ne pourrais vous remercier pour votre aide, dis-je au chirurgien cyborg. Combien dois-je vous payer?

-La même chose que tous les autres cyberpunks que je soigne: une promesse. Je veux que vous fassiez tout ce qui est en votre pouvoir pour arrêter la compagnie. Même si vos vies en dépendent.

Dengar me regarde, sachant que je lui avais promis la même chose après son accident. Il approuve en hochant la tête. Et je dis à Zepto:

-N'ayez crainte. Les cyberpunks existent encore pour une seule raison: nous croyons encore qu'il est possible de vivre dans un monde libre. Une fois que l'on est sorti du système, on ne peut pas y retourner, c'est impossible.

-Jusqu'à quel point es-tu prêt à me faire confiance? Puis-je te compter parmi mes joueurs?

-Bien sûr.

Zepto eu un drôle de sourire. Comme s'il était déjà au courant de ce qu'il allait se passer.
Comme s’il avait un plan, et que j'en avais toujours fait partie. Dengar et moi quittons le hangar en nous questionnant sur notre avenir.

Il toucha sa mâchoire, en se disant sûrement que ça ne sera pas facile de s'habituer. Il prit un air songeur. Il me dit alors de sa voix métallique:

-Cette attaque était de trop. La compagnie a été trop loin. La guerre est officiellement commencée.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire


Copyright © 2009, Solo the CyberpunK. Tous droits réservés.