samedi 31 juillet 2010

La descente de MetnalCorp

Alors que nous sommes tous rassemblés, je regarde le visage de chacun en me souvenant la série d'événements qui nous ont tous menés ici, prêt à donner notre vie pour combattre le système. Je regarde Knyx, mon fidèle acolyte et un souvenir passent sous mes yeux. Celui de la nuit qui démarra cette guerre.

5 mois plus tôt...

Fidèles au poste, moi et Knyx faisons notre réunion quotidienne à la base 02. Celui dans lequel nous élaborons un plan pour mettre fin au règne de la compagnie. Depuis 4 ans, nous essayons de trouver les failles de leur système de défense, générons des plans de leur édifice grâce au peu de renseignements que nous avons.

Aujourd'hui, c'est différent. C'est le jour où nous passons à l'action. Je regarde, dégoûté, les gens autour boire leur éprouvette de BOLH, pendant que Knyx m'explique les derniers détails sur notre attaque.

-L'édifice mère de la compagnie, où se trouvent tous les hauts dirigeants, est protègé par 4 différents types de champs de force. J'ai développé un émetteur de signal pour notre voiture qui nous rendra invisibles pour eux, mais aussi pour les mitrailleuses laser automatiques sur chacune des tours.
-Aussi simple que ça? Je pensais qu'une compagnie comme MetnalCorp aurait une défense plus impressionnante...

-N'oublie pas que ça fait quatre ans que je travaille sur ce signal... Nous atterrirons sur le toit du bloc C (nous regardons la carte hologramme). Il y a une toiture en verre un peu plus loin, que nous traverserons à l'aide de nos grappins.

-Et n'allons pas nous faire repérer puisque Dengar causera une diversion dans le bloc B: une fusillade massive... Tous les agents devraient donc avoir évacué à 23h32. Ensuite, il ne nous reste qu'à trouver les dirigeants.

Même avec tous ces mois de préparation, nous ne sommes pas nerveux. Nous sommes des cyberpunks. Chaque jour peut être notre dernier. Voyant les gens disparaître un à un autour de nous, nous espèrerons seulement atteindre notre objectif, contribuer au futur de notre communauté. Au moins, notre mort aura fait une différence. Mais nous ne pensons pas y laisser notre peau. Nous sommes entraînés, agiles, et extrêmement précis avec nos armes uniques à chacun.

À bord de la voiture volante de Knyx — un vieux taxi recyclé en une véritable machine de guerre — nous chargeons nos armes, en espérant qu'elle ne soit pas nécessaire.

D'où nous sommes, nous voyons les mitrailleuses installées sur les toits. Avant d'entrer dans les champs de force, nous nous concentrons sur celle-ci. Il se trouve que nous aussi sommes équipés de laser... Nous sommes chanceux d'avoir accès aux mêmes technologies que MetnalCorp. C'est en fait un de leurs employés, maintenant un cyberpunk qui nous refile tous les tuyaux. Le viseur automatique fait son boulot... Touché. Touché. Et....touché. Les canons de MetnalCorp émettent des flashs de lumière suivis d'une petite fumée blanche. Heureusement, les lasers sont totalement silencieux.

Voilà, le terrain est dégagé. La ville continue de dormir, n'ayant aucune idée que nous allons la libérer de l'esclavage invisible qui dure depuis toujours.
Nous y sommes presque. Il ne reste que les champs de force.
-Brouilleur...activé.
Champs de force N dans 20 mètres. 15. 10. 5,4,3,2,1... Traversé!
Champs de force G... traversée!
Champs de force W... traversé!
Champs de force U... traversé!

-Merde!, cria Knyx
-Quoi? Qu'est-ce qui se passe?
-Ils ont ajouté une barrière de défense!

Des flammèches sortent du moteur: il y a un court-circuit. Le champ de force n'était pas dangereux pour nous, mais ce qui est dangereux, c'est que nous sommes en train de tomber en chute libre à une hauteur de plus de 100 étages...
Je sors de ma poche la capsule contenant mon hover-board.

Elle se déplie en un clin d'oeil. Je monte dessus: ça y est, je me suis en équilibre. Knyx par contre, est toujours en chute libre. Il a un grappin, mais nous sommes trop loin pour s'accrocher à quoi que se soit.

Je me replie, et surfe droit en direction du sol pour le rattraper. Près de moi, il réussit à tenir la planche d'une main. Il essaie de monter, mais c'est difficile: mon hover-board est à peine plus grand qu'une planche de skateboard. Je me dirige vers un toit, tandis que Knyx s'agrippe du mieux qu'il peut. Les mitrailleuses n'auraient fait qu'une bouchée de nous si nous ne les avions pas éliminés...

Une fois sur le toit, nous prenons quelques secondes pour reprendre notre souffle. Knyx me demande:

-C'est nouveau cette planche?

-C'est Zepto qui me l'as construite. Il sait que je déteste les voitures.
-Zepto. Je ne l'ai pas revue depuis.

Il fait référence à incident de la Base 01. Knyx était un policier: Agent Nixon. Il a été chargé, avec l'un de ces collègues, d'éliminer tout les cyberpunks qui s'y trouvaient. Seulement, il n'en avait jamais vu. Il les imaginait un peu comme des mendiants, ou même comme des primitifs: sales, vulnérable et non salant. Lorsqu'il les aperçut — confiant, courageux comme de véritables combattants — tout changea. Il comprit que c'était possible de vivre à l'extérieur du système et que les faibles étaient ceux qui s'y conformaient. Malheureusement, son collègue était déterminé à finir le boulot. Les vitres du refuge volèrent en éclat. Des dizaines de morts. Le clou du spectacle n'avait pas encore fait son entrée : une bombe fût lancée de l'hélicoptère. Son propre collègue allait le laisser mourir. Les cyberpunks n'attaquaient même pas Nixon, voyant le désarroi dans son regard. Il décida de changer de camp. Il prit la bombe et la lança vers l'hélicoptère en travers la fenêtre.
BOOM! L'hélicoptère fut atteint et tomba en chute libre. Mais il ne réussit pas à la lancer assez loin, assez rapidement. Ces deux bras fussent réduits en lambeaux et son visage, atrocement brûlé. Voyant son geste héroïque, nous nous rassemblèrent autour de lui. Je le pris et l'emmena chez Zepto.

Il se réveilla sur la table d'opération quand tout était fini. Il était dans un costume de cuir qui n'irritait pas sa peau brûlée. Ces bras étaient remplacés : un bras robotique et l'autre était une lame. Son visage était caché par un masque blanc greffé à sa figure. Il se regarda dans le miroir : il était maintenant l'un des nôtres.

Aujourd'hui nous sommes fiers du chemin que nous avons parcouru. Si nous réussissons notre mission, il y aura la plus grosse révolution de l'histoire.

Bon, c'est le moment de passer à l'action.

À l'aide de notre grappin, nous passons d'un édifice à l'autre pour atteindre le bloc C. C'est étrange d'être ici en train d'exécuter le plan que nous préparons depuis des mois. Ce n'est pas que c'est un plan très élaboré, mais c'est la préparation du matériel électronique et la cueillette d'information sur le lieu qui fût fastidieuse.

La toiture en verre nous permet de voir à l'intérieur: vide. Dengar a dû passer à l'action. Knyx utilise son bras-lame pour tailler une ouverture dans le vitre. Avec nos grappins, nous descendons tranquillement au cas où une personne se pointerait.

Vêtu d'une combinaison simulant la transparence, un garde — ou plutôt une garde — nous attendait. Elle enlève le costume transparent pour révéler sa vraie nature: une assassine travaillant pour la compagnie. Son masque blanc et son habit rouge et noir sont assez intimidants, mais il me semble que je l'ai déjà vu quelque part...

SHOO! Elle lance deux Sai en notre direction. Knyx, rapide comme l'éclair, se lance droit en leur direction avec une pirouette, et en plein vole, les tranches avec sa lame.

Elle nous lance une bombe fumigène

Alors que nous sommes totalement vulnérables, elle nous atteint de son pistolet à électrode. Le choc est si terrible que tous les muscles du corps s'arrêtent. Nos membres artificiels brûlent la peau qu'il y a autour. Nous tombons inconscients.

Lorsque nous reprenons conscience, nous sommes attachés au mur.
Le patron ultime de MetnalCorp se tient devant nous. En fait, c'est faux, il ne se tient pas du tout, il est branché sur le sol. Il est tellement obèse qu'il serait incapable de marcher. Son ventre fait plusieurs mètres de diamètres. Il est impossible de voir ses jambes, je déduis qu'il n'en a plus. Son teint verdâtre et l'odeur qu'il dégage est assez pour nous donner envie de vomir. Les tuyaux qui lui sortent du corps pompent un liquide vert presque fluorescent: cette machine le tient en vie.

-Ils sont réveillés. Nous pouvons démarrer le plan.

-Qui êtes-vous et qu'est-ce que vous nous voulez?, lança Knyx.

-Je suis Ah Puch. MetnalCorp, c'est moi. Je contrôle la plus grosse organisation de la planète, ce qui fait de moi le maître du monde.

Je me dis: ''Super, le dirigeant était plus facile à trouver que je pensais'', et je suis sûr que Knyx pense la même chose. Si seulement nous pouvions nous libérer...

-Mais vous ne pouvez pas marcher, comme c'est dommage, dit Knyx. A quoi bon s'attaquer à nous?

-Ne le prenez pas personnel. C'est ma vengeance pour tous les cyberpunks ayant essayé de ruiner mes plans. Je vais vous montrer que vous aviez tort de penser que vous pouvez échapper à mon contrôle! Les humains sont trop fragiles pour être mes travailleurs. Ils sont émotifs, faibles et meurent trop rapidement.

Imaginez un monde où les travailleurs sont éternels. Des robots à l'intelligence artificielle tellement élevée qu'il surpasserait l'humain. Ils ont un corps hybride entre un corps mécanique et organique, ce qui élimine les besoins vitaux: pas besoin de manger, ni de dormir. Ils ont aussi l'avantage de se désactiver sur demande. À partir d'aujourd'hui, l'humanité ne m'est plus nécessaire. Je vous présente Teotl.

Des dizaines d'écrans s'ouvrent devant nous. Nous voyons le robot détruire sa cellule virtuelle d'un simple touchée, pour ensuite se débrancher et marcher vers son créateur.
Son corps entier, composé de case blanche et noire s'interchange à chacun de ces pas.

Tout le monde dans la pièce a la même expression, un mélange de crainte et de fascination, qui s'amplifie au fur et à mesure qu'il s'approche.

Ah Puch appuie frénétiquement sur un bouton pour le désactiver, mais il semble que le robot soit en parfait contrôle de lui même. Une fois devant Ah Puch, il transforme son bras en câble, qu'il branche sur l'équipement vital de son créateur.

À la grande surprise de tout le monde, Ah Puch se met à crier de douleur. Les gardes accourent vers eux, mais se heurtent à un champ de force invisibles crées par Teotl. Tous regardent donc la scène, impuissante.

Ah Puch devient de plus en plus vert: la machine qui le tenait en vie avait cessé de fonctionner. Tout son corps se gonfle jusqu'à se que sa peau devient verte et presque transparente.

BOOM!

Il explose. Le champ de force — rempli entièrement de liquide vert: des restes de l'homme le plus puissant du monde — se désactive. Il ne reste que le masque de métal.

D'une voix à la fois robotique et mécanique, Teotl nous dit:

-J'ai donné une conscience à la machine qui le faisait vivre. Elle a décidé d'arrêter.

Nous le regardons tous, incrédules, ne sachant pas s'il fallait s'en méfier. Il nous détache. Les gardes, n'ayant plus de patron, décident tout simplement de s'enfuir. De toute façon, ils n'ont aucune chance contre l'androïde.

Il a bel et bien une conscience, mais bien au-delà de ce que son créateur avait espéré. Il est aussi conscient du bien et du mal. Grâce à internet et notre monde virtuel, Teotl connaît l'être humain par coeur. Il a réalisé en peu de temps que ces créateurs étaient les méchants de l'histoire. Craignant un peu la réponse, je pris une chance en lui demandant:

-Alors, est-ce qu'on peut te compter parmi nous pour finir ce que tu viens de commencer?

-Et qu'ai-je commencé?

-Une révolution.

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