mardi 27 octobre 2009

Dengar, tueur à gages

Février 2330

Nous sommes au bar de la base 02, un des derniers refuges pour les cyberpunks.

Les néons verts reflètent sur le chrome des membres robotiques. La sombre atmosphère reflète l'âme des cyberpunks échoués à cet endroit : la vengeance et les machines sont les seules choses qui les tiennent encore unis et en vie. Une machine créer du glitchcore, dont certain cyborg se sont branché pour ajouter une modulation qui leur est propre: le ''band'' reçoit des applaudissements de la part d'un nomade sous l'effet de derme psychédélique.

-Tu ne te sens jamais mal de tuer des gens que tu connais à peine? demandais-je à Dengar.
-Non. (Il cale son éprouvette de BOLH d'un trait, laissant une goutte rouge couler le long de son masque de métal.)

Dengar a pris un chemin différent du mien depuis l'accident de 2329. Moi, je me suis donné comme mission d'arrêter la compagnie en l'éliminant directement à la source: ses dirigeants. Dengar quant a lui, s'attaque à tous les gens qui on un lien, directe ou indirecte avec elle, au fur et à mesure qu'il les croise sur son chemin.

Il est tueur à gages

-Et c'est le tour à qui aujourd'hui?, lui demandais-je.
(Il sort une photo avec une adresse écrite au bas.)
-Lui.

Il reçoit des contrats de la part des autres cyberpunks, pour son boulot toujours de qualité. Précis et assuré.

-Qu'à t il fait?
-On m'a dit d'aller chez lui, et de lui demander de parler. Ensuite, on s'en débarrasse.

Je n'ôse même pas lui demandé combien de contrats il a exécutés depuis 2329, mais disons que son veston de 1000$ nous donne une idée.

J'ai décidé de l'accompagner aujourd'hui, question de voir si je pouvais lui faire confiance pour de futur contrat. Pas de simple contrat d'une descente, mais plutôt un grand projet: cyberpunks, armes, équipe, et attaque d'une compagnie. Les simples contrats ne sont pas une difficulté pour moi, je suis un solo, mais contre la compagnie, je suis vulnérable. J'ai besoin d'une équipe forte, les meilleurs netrunners, solos, nomades et fixeurs que je puisse recruter. Dengar est dans les meilleurs tueurs à gage, mais pas pour la bonne raison. Il a perdu toute forme d'émotion. C'est une MACHINE à tuer. S'il ne le faisait pas sous contrat, on le désignerait autrement: un psychopathe.

Je regarde ses yeux. Ses pupilles sont de plus en plus blanches, tout comme sa peau. Avec ses deux grosses cicatrices sur le dessus de la tête, j'ai l'impression que je discute avec un cadavre. Mais ça ne me fait rien. Nous sommes déjà tout morts dans ce bar. Nous avons tous déjà perdu une partie de soi dans des évènements passés. Je regarde Chicomexo et je me dis que nous sommes tous comme lui. Il a rendu l'âme au moment où il était encore branché dans la matrice. Sauf que son avatar ne mourra pas. Quand nous nous sommes rendu compte de cela, nous avons glissé le corps toujours branché dans une cuve de conservation.

Aujourd'hui encore, on peut rencontrer Chicomexo dans la matrice. Il est devenu créateur de monde virtuel, tout comme l'était Eddy. Mais il est devenu plus que ça. Son talent nous a tous impressionnés. Il est maintenant notre mentor de la création.

Son cadavre se désagrège tranquillement dans la cuve.

Dengar me fait sortir de mes pensées avec le bruit de son fusil qu'il est en train de charger. Les autres cyberpunks de la base ne se retournent même pas, les armes font partie de leurs quotidiens.

-Prêt?
-Toujours.

Dehors, il fait nuit. C'est une tout autre ambiance que celle du jour. L'ordre, le calme et l'innocence des esclaves du système sont remplacés par le chaos, la violence et la conscience des cyberpunks. Des marchands essaie de nous vendre des implants robotiques, des micropuces et des armes. Les plus désespérés sont étendus dans la rue, sous l'effet de drogue (ces timbres que l'on appelle les dermes vous injectent la substance chimique directement dans le sang.)

Les publicités sur écran LCD sont omniprésentes dans la ville, ce qui procure un éclairage presque aussi puissant que celui du jour. Les lumières multicolores donnent une atmosphère de carnaval. Et le jour venu, tout ce chaos disparaît, pour laisser place aux esclaves, qui n'ont aucune idée de la double identité de cette ville.

Pour ce rendre à l'appartement du chanceux du jour, nous utilisons un vertibus, une voiture-ascenseur fixée sur une rail verticale le long d'un édifice, pour nous rendre plusieurs niveaux plus bas. Tellement bas, que nous traversons le mur de brume, qui couvre les premiers niveaux. Heureusement, nous sommes arrivés, et sans avoir à descendre où vivent les primitifs.

C'est un édifice bicentenaire en très mauvaise condition. Les murs de ciment sont couverts de moisissure. Au bout d'un long couloir, on peut apercevoir l'adresse: la même qui était sur la photo.

Dengar défonce la porte d'un coup de pied. Elle tombe sans résistance, vu l'âge du bâtiment. Je lui dis tout bas: ''Bravo pour la discrétion ''. Il me répond : ''La panique réduira grandement sa précision de tir''

C'est un appartement immensément grand, avec quelques pièces au fond. Des dizaines grandes boites métallisées traîne un peu partout dans la pièce. Ces conteneurs ont de nombreux fils branchés sur eux.

On entre. On entend des cris. L'homme est caché, mais sa femme nous regarde, effrayée. Elle crie au meurtre. Dengar sort un fusil de fléchette somnolente. Elle arrête de crier, tombe sur le sol endormi.

Dengar n'a qu'une seule règle. Il ne fait pas de mal aux femmes. Enfin, moi non plus, mais disons que si je me fais menacé à bout portant par une demoiselle, je n'hésiterai pas à me défendre: en ce siècle-ci, nous sommes tous des combattants, tous entraînés. Certaines agentes de la compagnie sont plus dangereuses que la plupart des policiers... Mais Dengar, il aime mieux s'enfuir dans ces cas là. Un vrai gentleman. Sûrement dû à une expérience du passé...

Un son se fait entendre dans un placard aux portes miroitées. Nous nous approchons tranquillement, nous couvrant à l'aide des grands conteneurs. Que peuvent-ils bien renfermer?

Le miroir éclate en mille morceaux, de l'intérieur, sous les balles de l'homme recherché qui fait feu dans toutes les directions à l'aide d'un minigun dans chaque main. Il crie avec une rage qui nous fait savoir qu'il sait qu'il a été découvert et que ce qu'il cache est désormais en danger.

Dengar me regarde comme pour justifier ma pensée. Il a l'air très concentré...

D'un mouvement presque imperceptible, Dengar se lève, pointe son fusil et tire une balle, qui fait éclater le poignet droit du tireur fou.

Maintenant vulnérable (notre cible se roule par terre de douleur, incapable de soutenir son deuxième minigun), Dengar tire deux diodes de son fusil d'électrochoc, une va s'accrocher à la tête de notre victime, et l'autre à sa jambe (son magnétisme l'a attiré sur son genou, probablement une prothèse de métal).

Pendant que Dengar maitrise notre ''suspect'', je m'intéresse aux fameuses boîtes de métal, distribué également au travers de la pièce. J'ouvre le caisson...

Deux compartiments. Celui du dessus, un cadavre dont le sang s'égoutte dans celui du dessous. Je dois immédiatement corriger ma description. Je compris pourquoi tous ces câbles étaient nécessaires... Ce n'est pas un cadavre. Il respire.

-Bon Dieu, qu'est-ce que c'est que ça?, demande Dengar à l'homme qui est dans la bonne position pour ce faire interrogée.

L'homme tremble. Il finit par parler, sous les électrochocs.

-Ce sont... Ce sont des corps de travailleurs morts du stress, ou... ou dans des accidents de voiture.
-Mais pourquoi récolter leur sang?
-Vous ne le savez pas? Ils fabriquent ce liquide bien populaire auprès de vous, les cyberpunks. Le BOLH. ''Blood Of Living Human''. Ils disent que vous en êtes accro. Relâchez-moi!

Malgré sont masque qui recouvre la majeure partie de son visage, je vois que Dengar est à deux doigts de vomir la dose qu'il vient tout juste d'avaler, à la base.

Il avait raison. Le BOLH devient vite une dépendance surtout chez les gens avec plusieurs membres robotique. Je comprends maintenant pourquoi: ils ont besoin de quelque chose d'organique puisque leur corps l'est de moins en moins....

Dengar ne put s'empêcher de lui lancer une décharge.

-Pour qui travailles-tu?, demanda Dengar, à bout de nerfs.

-MetnalCorp. Je suis chargé de trouver les gens tout juste après leurs accidents, faisant croire qu'ils se sont fait tuer par...vous.

C'est donc une autre ruse de la compagnie pour mettre les citoyens contre nous.

-J'en ai assez entendu. Adieu l'ami.

Dengar lui tira une balle directement dans l'oeil qui n'était pas électronique. L'homme tomba. La flaque de sang coulant de son oeil s'étendit jusqu'à celle qui s'était écoulée du conteneur que j'avais ouvert. Celui qui était étiquetté ''Eddy''.

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